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Accueil / Langue des signes / Une langue des signes universelle : mythe ou réalité ?
Nous sommes nombreux à penser qu’une langue des signes universelle existe. Une langue qui permettrait aux personnes sourdes et malentendantes du monde entier de communiquer facilement. Pourtant, la réalité est bien plus complexe, car chaque pays a développé sa propre langue des signes. Pourquoi une telle diversité ? Peut-on imaginer une langue commune qui faciliterait les échanges ? Voyons ce qui se cache derrière ces langues visuelles fascinantes.
La langue des signes universelle, un mythe persistant
Des langues à part entière
Contrairement aux idées reçues, les langues des signes ne sont pas de simples gestes imitant la parole. Ce sont de vraies langues, avec une grammaire, une syntaxe et un lexique bien définis.
Elles utilisent les mains, certes, mais aussi les expressions du visage et les mouvements du corps. Ces éléments sont importants pour exprimer les nuances et les émotions.
Une phrase signée peut changer totalement de sens selon l’expression faciale employée. Cette richesse rend les langues des signes aussi complexes que les différentes langues parlées dans le monde.
Une grande variété linguistique
Surprise ! Il existe en fait plus de 300 langues des signes à travers le globe. L’idée d’une langue des signes unique est bien loin de la réalité !
En pratique, chaque communauté sourde a développé sa propre langue des signes, souvent influencée par l’histoire et la culture du pays.
En France, on utilise la Langue des Signes Française (LSF). Aux États-Unis, c’est l’American Sign Language (ASL) qui diffère totalement de la LSF. Au Royaume-Uni, la British Sign Language (BSL) est encore une autre langue, sans lien direct avec l’ASL ou la LSF.
Ces langues ne sont pas interchangeables. Un signe peut avoir une signification en LSF et en avoir une autre en ASL. Par exemple, le signe « merci » en LSF ressemble au signe « au revoir » en ASL. De même, un signe anodin dans une langue peut être perçu comme offensant dans une autre.
Communiquer entre utilisateurs de langues des signes différentes est aussi complexe que de parler des langues étrangères.
Pourquoi n’existe-t-il pas de langue des signes universelle ?
Une évolution naturelle de la langue des signes
Les langues, qu’elles soient orales ou signées, évoluent en fonction des besoins de leurs locuteurs. Elles naissent au sein de communautés qui développent des codes spécifiques pour échanger. Ces langues se façonnent au fil du temps, influencées par la culture, l’histoire et les interactions sociales. Les langues des signes suivent le même processus. Plusieurs facteurs expliquent leur diversité :
- Influence culturelle : Les signes sont souvent influencés par des éléments culturels propres à chaque pays. Par exemple, le signe pour « fenêtre » diffère entre la Suisse et les États-Unis en raison des différences dans la conception des fenêtres courantes dans ces pays.
- Développement indépendant : Les communautés sourdes, isolées les unes des autres, ont développé des langues des signes de manière autonome, sans influence extérieure directe.
- Histoire et politique : Les décisions politiques et éducatives ont façonné l’évolution des langues des signes. Dans certains pays, des politiques d’interdiction ou d’imposition d’une langue spécifique ont eu un impact sur leur développement et leur reconnaissance officielle.
Des différences profondes
Unifier les langues des signes serait un véritable défi. Chaque langue des signes possède sa propre structure grammaticale, ses règles et ses expressions idiomatiques.
Certaines notions culturelles sont difficiles à transposer d’une langue à une autre. Par exemple, un signe très expressif en LSF peut ne pas exister en ASL ou en BSL.
Dans certains pays, les chiffres se signent différemment : en ASL, les nombres de 1 à 10 se font avec la paume vers l’intérieur, à l’aide d’une seule main. Alors qu’en LSF, on utilise les deux mains à partir de 6, avec les paumes tournées vers l’extérieur.
De plus, les communautés sourdes sont fortement attachées à leur langue, car elle fait partie de leur identité. Elle véhicule alors non seulement des mots, mais aussi des traditions et une vision du monde propre à chaque culture.
Pourquoi une langue des signes unique serait difficile à mettre en place ?
- Imposer une langue unique nécessiterait des décennies d’apprentissage et de restructuration des langues actuelles.
- Les langues des signes ont une histoire riche et sont profondément ancrées dans les cultures locales, ce qui rend leur remplacement difficile.
- Certaines expressions ou concepts sont intraduisibles d’une langue à une autre sans perdre leur sens ou leur subtilité.
- Une langue des signes universelle risquerait d’effacer la diversité linguistique et culturelle des communautés sourdes.
International Sign : une solution partielle
Une tentative de communication globale
Il existe tout de même une langue des signes simplifiée, utilisée lors de conférences, rencontres internationales et événements mondiaux. Il s’agit de l’International Sign (IS). C’est une forme simplifiée de langue des signes dont le but est de faciliter la communication entre locuteurs de langues des signes différentes.
Elle ne repose pas sur une langue nationale, mais sur des gestes iconiques compréhensibles par un grand nombre de personnes. Grâce à sa simplicité, elle permet d’échanger des idées de base sans nécessiter d’apprentissage long ou complexe.
Une langue simplifiée qui a ses limites
L’International Sign utilise des signes visuels universellement reconnaissables et une structure grammaticale allégée. Il mise sur des gestes expressifs et des mimiques pour clarifier le sens des phrases.
Cependant, elle reste une langue restreinte, bien moins riche que la LSF ou l’ASL. En effet, elle manque de subtilités linguistiques et ne permet pas d’exprimer des concepts complexes avec autant de précision qu’une langue des signes nationale.
D’ailleurs, elle n’est pas enseignée de manière formelle et son usage demeure limité à des contextes précis. En dehors des événements internationaux, elle est rarement utilisée au quotidien.
La diversité des langues des signes à travers le monde est un reflet de la richesse culturelle des communautés sourdes. Bien que l’idée d’une langue des signes universelle soit séduisante, la réalité est bien plus complexe et fascinante.
Les langues des signes, tout comme les langues parlées, sont profondément ancrées dans les cultures locales et transmettent l’histoire et les valeurs de chaque communauté.
L’International Sign offre une solution de communication dans certains contextes, mais ne saurait remplacer la diversité linguistique qui fait la force des langues des signes.
Envie de découvrir la langue des signes ? Et si vous commenciez par apprendre l’alphabet ?
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