Le kabuki est un art théâtral emblématique du Japon, reconnu pour ses costumes somptueux, son maquillage spectaculaire et ses mises en scène grandioses. Aujourd’hui, il est inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO et continue d’attirer un public international. Mais comment cette forme de théâtre a évolué et quelles sont ses caractéristiques ? Cet article explore son histoire, son esthétique unique et les meilleures façons d’en faire l’expérience.
Qu’est-ce que le kabuki ?
Le mot kabuki s’écrit en trois kanji : 歌 (ka) « chant », 舞 (bu) « danse » et 伎 (ki) « technique », reflétant ainsi l’essence même de cet art théâtral. Mais d’où vient-il et comment a-t-il évolué ?
Histoire et origine du kabuki
Le kabuki est un art dramatique japonais apparu au début du XVIIe siècle, sous l’ère Edo. Izumo no Okuni, une prêtresse shintoïste de Kyoto, a popularisé un style de danse-théâtre dans le but de récolter des fonds. Ses performances sont montées en popularité et ont été reprises pour donner naissance au kabuki.
Cet art était initialement joué par des femmes. Mais en 1629, les autorités interdirent aux femmes d’y participer, jugeant leurs performances trop suggestives. Depuis, seuls les hommes interprètent les rôles, y compris ceux des personnages féminins (onnagata).
Inspiré par d’autres formes de spectacle comme le Nō (pièce de théâtre où les acteurs sont masqués) et le bunraku (théâtre de marionnettes), le kabuki a su développer un style unique. De nombreuses pièces classiques jouées aujourd’hui étaient initialement destinées à ces autres formes de théâtre.
Avec le temps, le kabuki se structure autour de trois grandes catégories de pièces :
- Jidaimono : drames historiques inspirés de faits réels et de légendes de samouraïs ;
- Sewamono : pièces réalistes traitant de la vie quotidienne à l’époque Edo ;
- Shosagoto : pièces dansées où la gestuelle et la chorégraphie jouent un rôle essentiel.
Le kabuki, bien que traversant plusieurs interdictions et bouleversements, reste un pilier du théâtre japonais, tout en s’adaptant aux évolutions sociales et politiques, il conserve son caractère unique. Cela fait de cet art un incontournable de la culture japonaise.
Le kabuki dans le monde actuel
Bien que le kabuki soit un art ancestral, il continue d’évoluer.
Il n’est plus tabou de voir une actrice sur scène, notamment pour jouer le rôle d’un beau jeune homme (bishounen), même si cela reste encore rare.
Les nouvelles technologies, notamment les jeux de lumière et les effets visuels, permettent d’amplifier le caractère spectaculaire des représentations.
De plus, pour attirer un public plus large, des adaptations modernes ont vu le jour, intégrant parfois des thèmes contemporains tout en respectant les codes traditionnels du genre. On peut citer par exemple la reprise des scènes cultes de mangas célèbres comme One Piece ou Naruto.
Le kabuki s’invite également sur la scène internationale grâce à l’ère du numérique. Certaines représentations sont diffusées en ligne ou projetées dans les cinémas, offrant ainsi au public du monde entier l’opportunité de découvrir cet art fascinant, même sans aucune connaissance de base en japonais.
Qu’est-ce qui caractérise le kabuki ?
Le kabuki est un art où chaque détail a son importance, qu’il s’agisse de l’apparence des acteurs ou des techniques de mise en scène.
Sur le plan artistique
Le kabuki est connu pour son esthétique flamboyante. Les costumes richement décorés, les maquillages exagérés (comme le kumadori) et les perruques volumineuses contribuent à l’identité visuelle unique du spectacle. Chaque élément a une signification : par exemple, les couleurs du maquillage indiquent la nature du personnage (rouge pour les héros, bleu pour les méchants, vert pour les créatures surnaturelles).
Les acteurs jouent des rôles bien définis, parmi lesquels :
- Onnagata : acteur spécialisé dans les rôles féminins, adoptant une gestuelle gracieuse et une voix douce.
- Tachiyaku : héros masculin courageux et noble.
- Katakiyaku : antagoniste ou méchant, souvent représenté avec un maquillage plus agressif.
Le kabuki se distingue également par ses styles d’interprétation :
- Aragoto (« style rude ») : caractérisé par des gestes exagérés et un maquillage vif, ce style met en scène des personnages guerriers et puissants.
- Wagoto (« style doux ») : plus subtil, il met l’accent sur les émotions et la finesse du jeu d’acteur.
Sur le plan technique
Le kabuki repose sur des techniques uniques qui amplifient l’effet dramatique des scènes :
- Le mie : pose figée adoptée par l’acteur pour souligner un moment clé.
- Le hanamichi : passerelle traversant le public, utilisée pour les entrées et sorties spectaculaires.
- Les changements de décors instantanés (keshō) : système de toiles coulissantes permettant de modifier rapidement l’arrière-plan.
- Les effets spéciaux traditionnels : usage de trappes, de changements rapides de costumes (hayagawari), ou encore, bien que plus rare, de fils invisibles (chuunori) pour faire voler les acteurs.
Découvrir le kabuki
Assister à une représentation de kabuki est une expérience immersive qui demande quelques repères pour en profiter pleinement.
Comment voir du kabuki ?
Les grandes scènes japonaises comme le Kabuki-za à Tokyo, le Minami-za à Kyoto ou le Shochikuza à Osaka accueillent des représentations régulières. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cet art, il est possible d’acheter des billets pour un seul acte (« hitomaku-mi ») afin de découvrir le kabuki en douceur.
Les spectacles peuvent durer plusieurs heures, mais le public est encouragé à profiter des entractes pour se restaurer dans les salles prévues à cet effet. Une particularité du kabuki est la participation active du public : il est courant d’applaudir et de crier le nom des acteurs et des écoles qu’ils représentent (« kakegoe »), ajoutant une dimension vivante à la représentation.
Les trois représentations les plus célèbres
Certaines pièces sont devenues incontournables et continuent d’être régulièrement jouées sur les scènes de kabuki :
- « Kanadehon Chūshingura » : inspirée de la légende des 47 rōnin, cette pièce raconte une histoire de vengeance et d’honneur samouraï.
- « Yoshitsune Senbon Zakura » : une œuvre dramatique illustrant les conflits politiques et les trahisons de l’époque Heian.
- « Sugawara Denju Tenarai Kagami » : centrée sur un professeur réputé et son sacrifice pour protéger ses élèves.
Ces pièces classiques offrent un aperçu fascinant de l’univers du kabuki et de ses thèmes récurrents : loyauté, destin et justice.
Le kabuki est un art qui continue de séduire et d’émerveiller les spectateurs grâce à sa combinaison unique de performances théâtrales, de costumes majestueux et de musique envoûtante. Que vous assistiez à une représentation traditionnelle au Japon ou à une production contemporaine, cette forme de théâtre offre une expérience inoubliable, riche en émotions et en histoire.
Le kabuki, art vivant, continue de se réinventer pour toucher les générations futures. Si la culture japonaise vous intéresse, découvrez aussi le tatouage japonais, un art traditionnel passionnant !
Vous y êtes presque !
