Faut-il écrire er ou é : la règle des terminaisons à connaître

La distinction entre er ou é est essentielle en français : le -er désigne l’infinitif, c’est-à-dire la forme non conjuguée du verbe, tandis que le -é correspond généralement au participe passé, employé seul ou avec un auxiliaire. La confusion est fréquente. En effet, les deux formes se prononcent de la même manière, mais elles n’ont pas la même valeur grammaticale.

Pour maîtriser cette distinction, nous vous avons détaillé le nécessaire pour :

• comprendre la fonction du verbe dans la phrase (infinitif ou participe passé) ;
• reconnaître les contextes où l’une ou l’autre forme s’impose ;
• appliquer une méthode simple et fiable, comme le test de substitution avec « mordre/mordu » ;
• consolider l’apprentissage grâce à des exemples et des exercices pratiques.
• Saisir cette différence vous permettra d’éviter les fautes et d’écrire avec davantage de rigueur.

Utiliser « er » ou « é » : bien comprendre la terminaison des verbes

Pour faire simple, la distinction entre « -er » et « -é » repose sur la nature du mot : est-ce un verbe à l’infinitif ou un participe passé ? C’est la question clé à vous poser.

Faire la différence entre l’infinitif et le participe passé

L’infinitif est la forme « brute » du verbe, celle que l’on trouve dans le dictionnaire (par exemple, « chanter », « manger », « parler »).

Le participe passé, lui, est une forme verbale utilisée pour construire les temps composés ou comme adjectif (par exemple, « chanté », « mangé », « parlé »). Afin de maitriser cette deuxième partie, n’hésitez pas à voir une leçon sur le passé composé en tant que guide complet pour le débutants.

Le principal défi est que ces deux formes se prononcent exactement de la même manière dans la plupart des cas, surtout pour les verbes du premier groupe (ceux qui se terminent en « -er » à l’infinitif). C’est ce que l’on appelle des homophones grammaticaux.

Imaginez que vous écoutez quelqu’un dire « J’ai chanté toute la soirée » ou « Je vais chanter une chanson ». À l’oral, les deux « chanter » sonnent pareil, mais à l’écrit, l’un prend un « é » et l’autre un « er ».

L’astuce pour être sûr

Heureusement, il existe une astuce très efficace pour lever le doute, connue sous le nom de la règle du « mordre/mordu » ou « vendre/vendu ». En effet, il suffit de remplacer le verbe qui vous pose problème par un verbe du troisième groupe, comme « mordre » ou « vendre ». Si vous pouvez le remplacer par « mordre » (la forme infinitive), alors vous devez utiliser « -er ». Si c’est « mordu » (le participe passé) qui convient, alors c’est « -é » qu’il faut écrire.

Exemple 1 : « Il a décidé de parler français. »

Explication : Vous pouvez dire « Il a décidé de mordre. » Puisque « mordre » est un infinitif, « parler » prend « er ».

Ici, « parler » est l’action que la personne va faire, c’est un verbe qui montre une action sans la placer dans le temps, donc il est à l’infinitif.

Exemple 2 : « Il a beaucoup parlé. »

Explication : Vous pouvez dire « Il a beaucoup mordu. » Puisque « mordu » est un participe passé, « parlé » prend « é ».

Dans ce cas, « parlé » est utilisé avec l’auxiliaire « avoir » (« a parlé ») pour former le passé composé, c’est la forme du verbe qui décrit une action terminée. C’est un participe passé.

Cette méthode simple vous sera d’une grande aide. Maintenant que vous avez une idée générale, explorez les règles plus en détail pour vous donner une maîtrise complète de ces terminaisons.

Savoir quand privilégier l’infinitif ou le participe passé

Approfondissez les situations dans lesquelles vous rencontrerez l’une ou l’autre de ces terminaisons.

Utilisation du verbe en -er (l’infinitif)

La terminaison « -er » indique toujours un verbe à l’infinitif. Voici les cas les plus fréquents où il faut l’utiliser :

• Après une préposition : Après des mots comme « à », « de », « pour », « sans », « avant de », « après avoir » (mais attention, le verbe suivant aura aussi un infinitif passé), on utilise toujours l’infinitif.
  • Exemple : « Elle est prête à étudier. » (On dit « prête à mordre »).
  • Exemple : « Il est parti sans dire au revoir. » (Pour le verbe « dire », l’infinitif est bien « dire », pas « di », donc il n’y a pas la confusion « er » ou « é », mais l’idée est la même : c’est un infinitif).

  Explication : Les prépositions introduisent un complément, et si ce complément est une action, cette action est exprimée par un verbe à l’infinitif.

• Après un verbe semi-auxiliaire ou modal : Certains verbes comme « aller » (pour le futur proche), « vouloir », « pouvoir », « devoir », « savoir », « faire », « laisser » sont suivis d’un autre verbe à l’infinitif.
  • Exemple : « Je vais manger une pomme. »
  • Exemple : « Vous devez travailler davantage. »

  Explication : Ces verbes modifient le sens de l’action principale, qui est alors exprimée à l’infinitif. Pour plus d’informations sur un temps similaire, vous pouvez consulter notre article sur le futur simple ou futur proche.

• Dans une phrase impérative négative : Lorsque vous donnez un ordre négatif à la deuxième personne du singulier (tu), le verbe est à l’infinitif.
  • Exemple : « Ne pas fumer ici. » (Vous verrez souvent ce type de phrase sur les panneaux).

  Explication : Cette forme est souvent utilisée pour des interdictions générales ou des conseils concis.

Utilisation du verbe en -é (le participe passé)

La terminaison « -é » indique un participe passé. Il apparaît dans plusieurs situations distinctes :

• Avec un auxiliaire (être ou avoir) pour les temps composés : C’est l’usage le plus courant. Le participe passé est utilisé avec les auxiliaires être ou avoir pour former des temps comme le passé composé, le plus-que-parfait, le futur antérieur, etc.
  • Exemple (avec « avoir ») : « J’ai mangé tout mon repas. »
  • Exemple (avec « être ») : « Elle est allée au marché. »

  Explication : L’auxiliaire aide à situer l’action dans le temps. C’est l’une des bases que vous devez absolument connaître en conjugaison française.

  Quand il est utilisé avec l’auxiliaire « être », le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.

• Comme adjectif : Le participe passé peut fonctionner comme un adjectif qualificatif, décrivant un nom. Dans ce cas, il s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il qualifie.
  • Exemple : « C’est un homme fatigué. » (Il est « fatigué », comme un adjectif).
  • Exemple : « Les fenêtres cassées ont été réparées. » (Les fenêtres sont « cassées », comme un adjectif).

  Explication : Il décrit une qualité ou un état résultant d’une action passée. Il se comporte comme un adjectif classique.

• Dans une tournure passive : Le participe passé est utilisé avec l’auxiliaire « être » pour former la voix passive.
  • Exemple : « Le gâteau a été préparé par ma mère. »

  Explication : Le sujet subit l’action, au lieu de la faire.

Maîtriser la distinction entre « -er » et « -é »: astuces et mnémoniques pratiques

Pour ancrer ces règles et éviter les fautes, voici quelques méthodes et réflexes à adopter. N’oubliez pas, l’apprentissage des langues, c’est aussi savoir utiliser des astuces qui facilitent la vie au quotidien.

Remplacer par « mordre/vendre »

C’est l’astuce la plus fiable. Systématisez son utilisation à chaque fois que vous hésitez. En effet, c’est un réflexe à développer. Plus vous l’utiliserez, plus il deviendra naturel et rapide. Voici de plus amples détails sur ce raccourci pratique :

• Si je peux dire « mordre » (verbe du 3e groupe à l’infinitif) → alors j’écris le verbe en « -er ».
• Si je peux dire « mordu » (participe passé du verbe mordre) → alors j’écris le verbe en « -é ».
• Exemple : « J’ai décidé de continuer mes études.»

• Pour « décidé » : On dit « j’ai mordu ». Donc, « -é ».
• Pour « continuer » : On dit « de mordre ». Donc, « -er ».

Substituer par un autre verbe du 3ème groupe

Si « mordre » ou « vendre » ne vous convient pas, vous pouvez aussi penser à d’autres verbes irréguliers comme « prendre » / « pris » ou « finir » (pour les verbes en -ir qui ont un participe passé en -i, comme « fini »). L’important est de trouver un verbe dont la forme infinitive et la forme participe passé se prononcent différemment et sont clairement distinctes à l’écrit.

Par exemple, « Je veux boire » (infinitif) versus « J’ai bu » (participe passé). Si le verbe est « parler » : « Je veux boire » -> « Je veux parler » (-er).

« J’ai bu » -> « J’ai parlé » (-é).

Visualiser le rôle du mot dans la phrase

Demandez-vous si le mot est l’action principale qui reste « à faire » ou si c’est une action déjà « faite » ou une qualité :

• « -er » : L’action n’est pas conjuguée, elle est juste mentionnée. Elle répond souvent à « que faire ? » ou « dans quel but ? ».

• « -é » : L’action est terminée ou sert à décrire quelque chose. Elle est souvent accompagnée d’un auxiliaire ou se rapporte directement à un nom comme un adjectif.

Les expressions fixes

Le français regorge d’expressions figées.

En voici quelques-unes qui utilisent soit l’infinitif en « -er », soit le participe passé en « -é » :

• « À bientôt ! » (On pourrait penser à « à voir », « à revoir »).
• « Fatigué de tout.» (Ici, « fatigué » est un adjectif, comme si on disait « vendu »).

Apprendre ces expressions telles quelles vous aidera aussi à identifier le bon usage dans d’autres contextes. Vous trouverez d’autres exemples dans notre guide sur la liste des adverbes, qui parfois peuvent se confondre avec ces formes verbales.

Le secret de l’intonation

Bien que la prononciation soit souvent identique, certaines régions de France ou certains locuteurs peuvent légèrement marquer la distinction. Le « é » est souvent plus « fermé » et court, tandis que le « er » peut avoir une légère nuance plus « ouverte » en fin de mot.

Il est à noter que cette astuce est très subtile et ne remplace pas les règles grammaticales. Toutefois, elle peut parfois servir de petit indice auditif.

Mettez vos connaissances à l’épreuve

Maintenant, il est temps de consolider ce que vous avez appris. Voici quelques exercices pour pratiquer la distinction entre « -er » et « -é ».

Ne vous inquiétez pas si vous faites des erreurs. Vous êtes là pour apprendre et progresser à votre rythme.

Question 1 : Dans la phrase « Il faut préparer le repas avant l’arrivée des invités. », quelle forme est correcte pour « préparer » et pourquoi ?

Préparer (-er) car il est précédé d’un verbe modal (« faut »)
Préparé (-é) car il s’agit d’un participe passé
Préparer (-er) car le verbe est un adjectif ici

Cette réponse est juste car « il faut » est une expression impersonnelle qui exprime une obligation, similaire à un verbe semi-auxiliaire. Le verbe qui suit, « préparer », doit donc être à l’infinitif. On pourrait dire « il faut mordre ».

Cette réponse est fausse car « préparé » serait correct s’il était accompagné d’un auxiliaire comme « avoir » (« il a préparé ») ou s’il fonctionnait comme un adjectif (« le repas préparé »). Ici, ce n’est pas le cas.

Cette réponse est fausse car le verbe ne se comporte pas comme un adjectif ici. Un adjectif décrirait une qualité du repas, comme « le repas est préparé », mais ici « préparer » est l’action principale à effectuer.

Question 2 : Reliez chaque début de phrase à sa terminaison correcte.